Toutes les phrases se délient, tous les mots se défont. Difficile de discourir autrement qu’en ruinant l’unité des choses, qu’en les livrant en pâture à leur béance originelle. Comment parler si ce n’est de cette parole qui part dans tous les sens et qu’il faut pardonner d’avance, car elle ne sait ce qu’elle dit ? Impossible, à défaut d’une carte, de parcourir l’espace du langage sans se laisser prendre au jeu captieux des miettes et des fils, sans que le tiers (das Tier) qui somnole au détour d’une tournure ne se repaisse de toi. N’est-ce pas qu’on se fourvoie à force de semer partout des traces ?
Astérion
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