Fumer, c’est faire l’apprentissage du dénuement. Un manque qui n’existait pas auparavant apparaît. La psyché est criblée de lacunes béantes, inobturables. Tirer une latte, puis une autre. Seule la fumée peut pénétrer par un trou si fin, seule la fumée et non la pensée. « N’éteignez pas l’Esprit », est-il écrit dans la première Épître aux Thessaloniciens, ce qui veut dire : n’étouffez pas le feu qui se consume à l’intérieur de votre âme, ce brasier irréductible.
Cet esprit est désormais sursis, vie fantomatique à ponctuer, clope au bec, d’inspirations mortifères.
J’ai donc arrêté. Je ne veux plus m’immoler au nom d’une volute éphémère. Je veux m’embraser du dedans en me livrant au néant, laisser l’orifice se remplir d’air. C’est l’évidement, le dénuement, le dépouillement de celui dont le souffle perd son feu, l’ardeur du désir qui n’a plus qu’un rien ardent en guise d’habillement, le pli d’une flamme éteinte.
