C’est si simple, rien ne l’est davantage : il faut apprendre à (se) perdre, comme dans le poème d’Elizabeth Bishop ; il faut s’élever soi-même au rang d’arte povera, s’égriser jusqu’à ce que toute ombre d’éclat nous soit ôtée, descendre toujours plus loin dans la pierreuse noirceur des marches, ne plus se laisser séduire par les accidents de la parole, car la perte y est encore trop peu pure. Il faut dévisager son propre cadavre, auto-memento mori, et dialoguer avec ce gisant que nous sommes et qui ressemble à lui-même. Oui, il faut que la perte ressemble le plus possible à la perte et c’est là – peut-être? – que se fera entendre la voix, celle-là que j’attends et qui seule me permettrait d’écrire, enfin, que ma fin est mon commencement.
