…ne absorbeat eas tartarus

Il se fait tard. Tout a déjà précédé ceci. Et puis les circonstances ont été propices. Elles ont donné lieu à un faisceau de semences dont il est l’écoulement sans issue. Sa tête se balance, comme ceci, comme cela, saisissant une parole par-ci, une parole par-là. Rien de réel par-delà ce bercement, de moins en moins serein au fil des jours de plus en plus longs. Pas de passage outre ceci, outre cela, puis leur alternance sans borne. Et pourtant, ce va-et-vient abscons lui paraît faire signe vers une absence salutaire.

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Il lit. L’oreille qu’il tend à l’indifférence se dilate peu à peu sous la tension de l’inaction. La lecture se poursuit au nom d’une toile qu’il croit reconnaître parmi l’éboulis de mots noirs. Chaque le et chaque la le rapproche d’un autre mot, plus noir que noir. Car il est clair que le semblant de mouvement qui se dessine ici au gré du poignet, dont l’ondoiement presque musical lorsqu’il tourne les pages l’envoûte, fait écho à la blancheur du clavier éteint, exigeant infiniment plus qu’il ne saurait donner. Qu’il n’a.

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De telles ténèbres s’apprivoisent-elles ? Le kérosène qui brille de mille feux n’est pas prêt de vouer son absence de mèche à l’ouvrage qu’il voudrait avéré. Mais qu’y peut-il ? La carrosserie de la parole s’abîme dans une image pure parmi ces ruines qui n’annoncent aucune parousie à ses yeux, contenants de leur propre cendre. Nul doute qu’il en serait de même dans un préau ou pré désert, les morts ayant depuis longtemps déjà fui le seul office qui leur fut jadis dévolu.

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Ainsi. La nuit ? Telle l’inaudibilité d’un chant dit plain, dans l’absolu dénué de hauteur. Et de bassesse, aussi, jusqu’à ce que lui-même se fonde dans cette intermittence, dans ce territoire sans mesure de l’oubli, récepteur des inexpiables quatuors soufflés à l’oreille de celui qui désire ne rien entendre. Les sirènes lapidées lorsque s’immole la paroi de la plus profonde des nuits ? C’est justement leur chant qu’il aimerait surprendre, déduction faite du dédale dont les réticules arborescents le ceignent.

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Puis la tubercule calcinée. Puis la pierre retournée, ravaudée, carbonisée – récalcitrante. Puis l’appel de l’arrêt, de l’arête, qu’elle soit morte ou d’airain. Puis le lapis-lazuli de la chambre close. Puis les aperceptions d’un soir où tout se distend au prix de ce seing qui ne sera jamais le sien. Puis l’ancien fil dont le symbole est thyrse ou torsade. Puis le peu de ci ou de ça qu’impose une pierre tombée entre les mains des pléromes.